La terre gigantesque machine climatique

Entre 4 et 2,5 milliards d’années avant notre ère, la vie est apparue sur terre dans les océans ; à cette lointaine époque, le soleil brillait 30 % de moins que maintenant , et pourtant il faisait très chaud : plusieurs dizaines de degrés dans les océans ! Cette température était la conséquence d’une forte concentration des gaz à effet de serre dans l’atmosphère ; ces gaz étant (déjà) le dioxyde de carbone, le méthane et la vapeur d’eau.

Grace à la photosynthèse -utiliser le rayonnement solaire pour produire une matière qui fixe le CO² atmosphérique- les premières algues et ensuite les végétaux et forêts, ont fait évoluer la quantité d’oxygène sur terre jusqu’à un point d’équilibre qui a permis l’arrivée de notre espèce … Cet équilibre ne peut se maintenir aujourd’hui, que grâce au plancton végétal et aux végétaux terrestres qui pratiquent cette photosynthèse.

Les forêts ont alors acquis d’autres fonctions stabilisatrices du climat dont nous bénéficions en régulant des échanges entre l’air, le sol, l’eau et la vie. Les forêts tempèrent les excès météorologiques, freinent les vents, stockent de la chaleur en journée et la redistribue la nuit ; elles rafraichissent et humidifient l’atmosphère grâce à l’évapotranspiration et régulent les précipitations ainsi que le stockage de l’eau dans le sol et sa circulation (cours d’eau).

Les plantes et les arbres forment l’humus et ainsi le sol ; tous stockent du carbone.

Enfin, quand les végétaux terrestres morts s’accumulent dans les zones humides (lac, marécages, lagunes) ils s’enfoncent dans les strates de sédiments sans être complètement décomposés. Ainsi la cellulose -élément de base du bois- va peu à peu sédimenter (sur une échelle de dizaines à centaines de millions d’années), formant les stocks de tourbe (tourbières) de lignite, de houille , de charbon, que nous connaissons aujourd’hui …

Au fil de sa vie, la terre se révèle non seulement une machine climatique, mais aussi une machine à recycler la vie. Au centre de cette vie, le carbone est l’élément critique : il est à la fois présent dans les végétaux et les animaux, dans 2 des principaux gaz à effet de serre (CO² et CH 4), dans la mer, la terre, la glace, le pétrole, le charbon et le gaz naturel. Ce voyageur de l’atmosphère se recycle en permanence et possède un circuit court et un circuit long.

Le circuit court du carbone s’étale sur des périodes inférieures à un siècle : c’est celui de la photosynthèse et donc les plantes qui transforment le CO² en matière organique (hydrates de carbone), et de de toutes les chaines trophiques qui en découlent (donc de nous-mêmes). C’est aussi le circuit de la respiration qui transforme avec de l’oxygène, de la matière organique en CO² : les circuits courts dominent les processus de la vie.

Les zones en vert foncé jouent le rôle de puits de carbone , comme la chaine des Appalaches aux Etats Unis, le Japon et l’Est de la Russie, le sud du Chili et le bassin congolais ; le zones en rose mauve et violet définissent les zones forestières (en phase de destruction) les plus émettrices en gaz à effet de serre : Amazonie et Indonésie, principalement.

Le circuit long du carbone s’étale sur des échelles de temps de milliers ou de millions d’années ; les processus géologiques sont les principaux acteurs du recyclage du carbone : c’est le circuit de l’enfouissement de la matière organique, de la sédimentation de la fabrication du pétrole, du charbon et de la tourbe (tourbières), et même du diamant ; des quantités énormes de carbone sont stockées dans les roches sédimentaires et les profondeurs de l’océan.

 

Comment la terre a-t-elle pu atteindre l’équilibre climatique propice à la vie d’aujourd’hui ?

Dès 1970, James Lovelock a formulé l’hypothèse Gaïa : la terre fonctionne comme un corps, une entité qui s’auto régule de manière à rester favorable à la vie. Car en effet, dans le système terrestre, animé et non animé, tout est intimement lié : un courant marin peut créer la vie, les algues peuvent fabriquer des nuages, les arbres donnent de la terre, les tourbières stockent le carbone : du carbone qui crée de la matière organique, du minéral qui nourrit le végétal. L’ensemble des éléments, le manteau terrestre et le sommet de l’atmosphère, en interaction permanente, assureraient un équilibre dynamique en perpétuelle évolution, de la terre, assurant son homéostasie.

 

Ainsi, la Terre est une gigantesque machine climatique dont tous les éléments sont liés : les océans, les continents, l’atmosphère, l’énergie, les nuages, la glace, les vents, la pluie, et la vie elle-même dont nous faisons partie. De ces derniers millénaires jusqu’à la fin du XIXème siècle, la concentration naturelle de CO² est stable et démontre ainsi un équilibre de flux entre les continents, les océans et l’atmosphère.

Mais cette belle machine climatique, nous la déréglons depuis le XIXème siècle notamment par notre utilisation effrénée d’énergies fossiles. Dans l’histoire de l’humanité, le réchauffement rapide de l’atmosphère, à cause des activités humaines, est une situation sans précédent. Mais il est encore temps d’agir, de forger notre résilience en faisant passer l’écologie devant l’économie, la qualité devant la quantité, pour bâtir un nouvel art de vivre basé sur l’autonomie et la sobriété.

Si on a la certitude que sur le long terme, la terre a plutôt tendance à stocker du carbone, c’est pourtant cet équilibre du Système Terre que nous rompons en utilisant massivement pétrole, charbon, tourbe et gaz naturel (ou en drainant les tourbières qui se mettent à brûler pendant des semaines ou des mois comme en Indonésie), soit en faisant à peu près le contraire du travail de la planète. Dès lors on doit s’attendre à ce que la machine climatique « terre » va réagisse. Dans toute son histoire, la terre en tant que machine climatique a su provoquer ou gérer des hausses brutales de température. Le moment venu, la terre fera donc face au réchauffement climatique que nous avons provoqué du fait d’un subit dégazage massif de carbone patiemment stocké jusque-là.

 

Comment tout changer ? Comment redevenir des enfants de la nature ?

C’est le chemin que nous vous proposons dans ce blog.Ce texte provient et s’inspire du livre de Vincent Rondreux ; « Climat, comment tout changer » et aussi de James Lovelock, l’hypothèse Gaïa

À propos de l'auteur

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Alain Huart

Alain Huart est Chef de la cellule de suivi et de coordination du programme « Environnement et Agriculture Durable » de l’Union Européenne en RDC. Il est aussi développeur pour la consolidation de partenariats public-privés en paysages de parcs (Salonga, Virunga, Garamba, Upemba Kundelungu) et biosphères de la RDC (Biosphère Luki, Yangambi).

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